Philippe Rahmy

J'ai vaincu la mort à trois reprises: deux fois, je me suis sauvé moi-même, une fois j'ai ramené quelqu'un d'autre.
"Pardon pour l'Amérique", le 30.09.2017.


Genèse des Propositions démocratiques

Je t'avais demandé si tu pouvais écrire un texte pour l'Almanach des révolutions, avec comme seule exigence, de parler de ces révolutions, celles qui t'inspiraient.

   Quand j'ai reçu Propositions démocratiques j'étais stupéfait par ce texte. Nous en avons parlé aux éditions et j'ai proposé à ce que nous puissions le mettre en format poche et l'insérer dans l'Almanach, mais également pouvoir le fournir séparément.

   Nous avons beaucoup discuté de ce texte, de cette nouvelle classe sociale que tu nommes les informaticiens. Il nous a semblé important qu'il soit traduit en anglais et que ce texte soit une base de départ à la discussion.

   Tu m'as demandé à ce que ton nom ne soit pas mentionné sur la couverture...

 

"encore mieux... je viens de trouver un truc qui fonctionne... je crois !

on supprime mon nom, pas de nom, on est cohérents avec le projet

le nom est dedans

le titre seul, impact

qu'en penses-tu?"  

 

   ...et je t'ai rappelé que c'était toi qui l'avait écrit.

 

"ah, ils sont tous les mêmes ces éditeurs ! impossible de placer le livre anonyme :-)"

 

   Et puis, nous avons envisagé d'organiser un colloque autour de ces propositions démocratiques et des rencontres partout où c'était possible. De ces rencontres, organiser un site afin d'y mettre les contributions qui ne manqueraient d'arriver. Bien sûr, tu auras une place privilégiée à ces rencontres, même si ton humilité en souffre.

   Et puis, il y a cette couverture, cette estampe de Max Piccard que tu aimais beaucoup.

   Elle veut tout dire.

 

 

Propositions démocratiques - éditions d'en bas

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Propositions démocratiques – Français, anglais, espagnol, allemand
Philippe a écrit ces propositions afin qu'elles soient débattues.
Merci à vous, traductrices et traducteurs de permettre le débat à travers le Monde.

PROPOSITIONS DÉMOCRATIQUES/DEMOCRATIC PROPOSALS translated by Sarah Detlef

PROPOSITIONS DÉMOCRATIQUES/PROPUESTAS DEMOCRÁTICAS traducción por Mariana Arzate Otamendi, Melina Blostein, Estela Consigli, Elena Donato, Lucía Dorín, Yenny Enríquez, Érika Geymonat, Miguel Marqués, Ezequiel Martínez Kolodens, Julia Tomasini.

PROPOSITIONS DÉMOCRATIQUES/VORSCHLÄGE FÜR DIE DEMOKRATIE übersetzt von Verena Waeger
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Avec Philippe Rahmy, programme de la soirée hommage à la Maison de la poésie

Ouverture sonore : dialogue Philippe et Jean-Marie Barnaud

Tanja Rahmy : quelques mots au sujet de Philippe

Jean-Marie Barnaud et Laurent Grisel : lecture de Mouvement par la fin et de Demeure le corps de Philippe Rahmy

Sabine Huynh : Philippe m’écrit

Eric Pessan : A l’ami que je n’ai jamais rencontré (lu par Sébastien Rongier)

crops, film de Philippe Rahmy et Fred Griot

Philippe de Jonkheere : Phil à Phil (histoire de cassette)

François Bon : Philippe Rahmy, un hommage

Table ronde éditeurs : Jean-Marie Barnaud / Françoise de Maulde / Jean Richard

Dominique Dussidour : « Il pleuvine, le canal fume, un pic creuse le palmier devant la porte »

Matthieu Guérin : Correspondances

Pascal Cottin : « N’importe qui c’est pas rien »de Philippe Rahmy

Chantal Anglade/José Morel Cinq Mars : SMS de la cloison de Philippe Rahmy

Fred Griot : « pour continuer »

Sébastien Rongier : Lire Monarques de Philippe Rahmy

 

Soirée proposée par remue.net, en partenariat avec la Maison de la poésie de Paris le Centre culturel suisse et avec le soutien de la Fondation Pro Helvetia.

remue.net

 

écouter voir : Soirée hommage à Philippe Rahmy


Hommage Philippe Rahmy-Wolff présenté par Pierre Lepori à l'Espace Saint Martin à Lausanne, le 28 octobre 2017 lors du finissage de la fête des 40 ans des éditions d'en bas, Lausanne.


Ce débat introduit par Pascal Cottin, Isaac Pante et Jean Richard, concerne «Propositions démocratiques» – livre qui vient de paraître aux éditions d'en bas – a eu lieu suite à l'Hommage Philippe Rahmy-Wolff à l'Espace Saint-Martin, le 28 octobre 2017 lors du finissage de la fête des 40 ans des éditions d'en bas.


«N'importe qui c'est pas rien» par Philippe Rahmy-Wolff. Le texte se trouve sur l'un des sites web de l'auteur: 

https://kafkatransports.com/2015/01/19/nimporte-qui-cest-pas-rien/

Lecture lors de l'Hommage Philippe-Rahmy à l'Espace Saint Martin à Lausanne, le 28 octobre 2017 (Finissage des 40 ans des éditions d'en bas)


En résidence

Lorsque tu es arrivé devant les éditions d'en bas, tu m'as dis combien, pour toi, être édité par nous, t'honorait. Nous venions de subir une inondation et je t'ai fais visiter le bas d'en bas. Tu m'as alors demandé de pouvoir faire une "résidence" d'un mois dans cette cave. Ce qui t'importait, c'était le nombre de personnes que tu croiserais quotidiennement, non pas pour meubler une solitude, mais afin de créer des liens. C'est dans ces lieux reculés qu'il te fallait aller à la rencontre de l'autre. Maintenant, nous attendons tes mots à partir de ta nouvelle résidence.

 

Photo Jean Richard & Philippe Rahmy, septembre 2017, Lausanne


Remise du Prix suisse de littérature 2017

Mail de Philippe du 26 janvier 2017 des États-Unis concernant la remise du Prix suisse de littérature.


In-Cité 2016 – Lausanne

Le 8 juillet 2016, Philippe  nous faisait le bonheur d'être présent lors de Lectures sous les étoiles (1:26:10)
Extrait d'Allegra et de Monarques (avant parution).

"Je vais vous lire deux extraits de textes qui disent le déplacement des femmes et des hommes, qui disent le mouvement, ce que nous faisons, nous, nous autres humains, et ce qu'on nous empêche de faire de plus en plus..."


Béton Armé | Extrait lu à La Maddalena, août 2014


Nu intégral – Philippe Rahmy, Hétérographe Numéro 1, Printemps 2009, Éditions d'en bas (épuisé)

L'accusé veut se justifier, le coupable se faire pardonner, mais que cherche la victime? Certaines choses sont simples, d'autres compliquées, des catastrophes se produisent, quelques-unes sont évitées, tandis que gouverne l'alternance du jour et de la nuit, du bien et du mal, et que rien ne régit les zones intermédiaires, les gris, les peut-être, le langage, l'agonie.

Là où elle se tient se trouve un étranglement.

« Je est le nom du corps», dit-elle, juste avant de partir, car elle s'absente souvent dans le séjour de ses histoires, sans jamais donner la raison de son départ. On n'apprendra pas qui elle est, ni ce qu'elle pense, ni pourquoi elle fait ce qu'elle fait. J'ignore pourquoi je l'entends, et surtout si elle s'adresse à moi. Peut-être est-ce parce que je travaille avec des enfants enfermés pour des crimes allant du viol au meurtre? Peut-être parce que je sais que la plupart d'entre eux considèrent leurs méfaits comme autant d'étapes nécessaires vers le bonheur? Je décide de ne pas me laisser absorber par le mystère de ses déplacements, tellement imprévisibles, et la plupart du temps trop fugaces, pour être transcrits sans qu'intervienne, avec l'effort de mémoire, une part importante d'imagination, mais d'en tenir le compte précis. Peu après je m'aperçois, tant le phénomène est insolite et semble terrible pour elle – sa structure se plie, se déforme, rougeoie sous l'action d'une force invisible dont elle endure l'emprise sans esquisser le moindre geste de défense – que le besoin de partager non seulement son sort, mais jusqu'aux plus insignifiants évènements de sa vie, de m'approcher d'elle jusqu'à sentir rayonner son supplice contre ma paume, l'emporte sur celui de témoigner. Elle n'emprunte jamais les orifices naturels pour entrer et sortir, leur préférant les surfaces homogènes et dures, la paroi occipitale, l'os illiaque, la hampe évasée de l'omoplate, qu'elle percute, fend, perfore en pivotant. Mais il arrive qu'une vitesse trop élevée – une infime variation de lumière suffit à accélérer sa course – ou qu'un souffle latéral infléchissent sa trajectoire puis la désaxent avant l'impact, et qu'elle se présente de face, percutant l'os à plat, surface contre surface, et ricoche sur lui avec fracas.

Elle reste alors allongée en chien de fusil, en proie à une forme extrême de tétanie, dont elle finit par sortir au prix d'interminables convulsions. Les arêtes jaunes de sa forme noire, oxydée par la sueur, font soudain éclater l'écorce d'excréments et de peau morte. Ses poumons, trop longtemps privés d'air, émettent une longue plainte. En de tels instants, comment ne pas vouloir l'accompagner, comment songer à me préserver du danger, fût-il mortel, alors que celle qui s'est immédiatement imposée à moi comme modèle de liberté me témoigne une telle confiance?

J'éprouve, à la regarder, le sentiment de me préparer à la mort, ou, plutôt, d'attendre que se produise le dernier fait qu'il me sera possible de nommer – l'idée du nord, l'image d'un lac – comme on se tient en éveil, glabre, frissonnant d'odeurs et de sons, avant une opération chirurgicale cruciale dont l'issue cesse soudain de paraître importante, alors que la paix infuse l'espace clos de la chambre, dans le corps immobile dont les yeux ont pris la couleur du plafond, un gris uniforme d'écrou, fait pour l'hallucination, sur lequel le regard trouve la promesse d'un voyage extraordinaire, suspendue au milieu de hautes décorations en style chinois, une figure mate, cambrée à se rompre, entre deux crocs de boucher.

 

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